mercredi 29 novembre 2017

Rompre le silence, de Mechtild Borrmann


Quel est le rapport entre la disparition inexpliquée d'un officier nazi au début des années 50 et le meurtre violent d'une journaliste dans un village allemand presque cinquante années plus tard ? Vous le saurez en lisant ce livre poignant, mélange subtil de whodunit et de roman noir historique. 

Un polar habile, palpitant, émouvant, très bien écrit, et remarquablement construit, qui entremêle passé et présent. Un polar allemand assez court (moins de 300 pages dans sa version poche) qui se lit d'une traite. Pas de temps mort, pas de gras, pas de longueurs, tout est subtilement et efficacement contrôlé de la part d'une auteur très très talentueuse. Qui est capable de nous procurer des émotions, de nous toucher. Moi c'est tout ce que je demande à un livre.

J'ai été embarqué dans cette histoire crédible dès les premières pages, écrite dans un style limpide, élégant et lumineux. Le ton est toujours juste, l'auteure ne tombe jamais dans la facilité ni dans une vision manichéenne des événements bouleversants qui sont narrés dans ce livre. Mechtild Borrmann n'oublie pas non plus de captiver ses lecteurs avides d'intrigues criminelles à rebondissements en orchestrant une enquête haletante sur le meurtre de la journaliste. Une enquête liée aux destins des deux protagonistes principaux de cette histoire, une femme et un homme marqués au fer rouge par le régime nazi et par les atrocités de la guerre: la femme, Thérèse, qui nous livre le récit impitoyable de ses années d'existence durant l'époque nazie. 

Le nazisme et la guerre vécus de l'intérieur, du côté allemand, plus précisément du côté d'un village allemand qui borde la frontière hollandaise. Et il s'agit moins pour l'auteure de rapporter des faits historiques que d'illustrer l'influence terrible du national-socialisme sur les rapports humains et sur la construction psychologique de jeunes adultes, pris dans la tourmente de la seconde guerre mondiale. Des dégâts psychologiques et des drames familiaux dont les conséquences se répercuteront sur plusieurs générations d'individus. Et dans cette histoire sur Robert, l'homme, qui se lance dans une quête éperdue de vérité sur le passé trouble de son père décédé. Une quête également identitaire qui révélera des secrets inavouables.

Au final, en démontrant la possibilité de mêler enquête policière, histoire et chronique familiale et villageoise, dans une oeuvre à la fois romanesque et réelle, où les destins s'enchevêtrent, Mechtild Borrmann offre un polar totalement crédible et abouti. Ce roman m'a procuré tout un tas d'émotions, et m'a touché. Car c'est avant tout une histoire d'hommes et de femmes, d'amour et de haine, d'amitiés et de trahisons, de joies et de peines. Bref, la vie tout simplement... Ou pas ! 

Mechtild Borrmann, Rompre le silence, Le Livre de Poche, 288 pages, traduit de l'allemand par Marlène Husser, sorti en 2011 (Allemagne) 2013 (France)

Du même auteur sur ce blog:
Le Violoniste ; Sous les décombres

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