jeudi 25 août 2022

Miroir obscur, d'Ivan Zinberg

 

Miroir obscur est le second volet d'un dyptique consacré à Los Angeles et mettant en scène le paparazzi Michael Singer et l'inspecteur Sean Madden. Avec Miroir Obscur, Ivan Zinberg clôt également sa trilogie américaine puisque l'action de son quatrième et dernier roman Matière noire se déroule en France, pays d'origine de l'auteur, qui est également capitaine de police. Pour moi Matière noire est à ce jour son meilleur roman, et Miroir Obscur son moins bon. Alors attention tout est relatif, je n'irai pas jusqu'à dire que c'est un mauvais roman, loin s'en faut. Vous pouvez l'emporter dans vos valises les yeux fermés et passer de bonnes heures de lecture, tranquillement installés sur votre transat. La Zinberg touch est bien là, une écriture incisive, limpide, au service d'un récit rigoureux dans sa construction, et riche en rebondissements. 

Je vous résume brièvement l'intrigue: Michael Singer gagne beaucoup d'argent en tant que paparazzi mais cherche à se reconvertir en journaliste d'investigation en réalisant des reportages plus sérieux. Mais moins lucratifs. Alors c'est bien connu, l'occasion fait le larron. Et l'occasion pour Michael de frapper un dernier gros coup va se présenter quand un gynécologue très en vue est assassiné de manière spectaculaire à son domicile. La carte de visite de Michael Singer paparazzi est retrouvée près du cadavre. Les meurtres de célébrités vont se poursuivre, impliquant toujours plus Michael, qui entre même en contact avec le tueur. Mais avant d'aller voir la police, le paparazzi va vendre ses informations à un tabloïd. Le business avant tout, oui, avant absolument tout. 

Sur le fond, avec Miroir obscur, Ivan Zinberg termine son exploration de la société américaine, ses travers, ses excès, ses déviances. Une société qui court après le buzz, les scoops, et l'argent, surtout l'argent, et la règle est simple: la fin justifie toujours les moyens. La notion d'instantané, et donc de rapidité est essentielle. L'information en temps réel, vite consommée, vite oubliée, vite renouvelée. Peu de place pour l'introspection et l'analyse de fond, l'important est de donner l'information avant les autres, à tout prix. Tout cela ne respire pas l'intelligence. Je trouve que, de ce point de vue, l'auteur fait très bien ressortir cette impression de superficialité, cette atmosphère de surface, accentuée par la construction du récit. 

Sur la forme, je ne dis pas qu'il ne se passe rien, mais la première moitié du roman ronronne un peu trop à mon goût. Il y a beaucoup de répétitions, de redondances, l'histoire est très factuelle, au détriment de l'émotion. C'est méthodique, froid, clinique. Mais bon je pense avoir compris les intentions de l'auteur, c'est le propos qui veut ça finalement. Ce n'est pas incohérent si on replace tous ces éléments dans le contexte de l'histoire. Et le récit est très clair, un vrai confort de lecture quand on n'a pas envie de se prendre la tête. Mais tout est question de dosage, et ce manque d'émotions m'a un peu perturbé. 

Pour résumer, Miroir obscur a les défauts de ses qualités. Par contre la deuxième moitié de l'histoire est palpitante, avec son lot de surprises et de révélations. Au final, pas le meilleur thriller de l'auteur, mais ça se lit sans problème, l'ensemble est globalement bien ficelé, et l'auteur ne lésine pas sur les rebondissements. 

Ivan Zinberg, Miroir obscur, La Mécanique Générale, 491 pages, sorti pour la première fois en france en 2017.

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