dimanche 3 septembre 2017

Étoile morte, d'Ivan Zinberg


En lisant. Non pardon, ce n'est pas le verbe juste. En dévorant Etoile morte, j'ai vraiment eu l'impression de replonger dans le film culte 8 mm de Joel Schumacher, avec Nicolas Cage dans le rôle du détective privé, qui traque jusqu'à la folie les auteurs d'un snuff movie. Une enquête périlleuse dans le milieu de la pornographie underground, à côté de Los Angeles, dans la San Fernando Valley, rebaptisée San Pornando Valley. Le fief de l'industrie du sexe aux Etats-Unis. Ce film sombre et violent est un véritable chant funèbre sur un monde de démence et de sang. J'ai retrouvé cette même atmosphère dans Etoile morte, le deuxième thriller d'Ivan Zinberg. L'intrigue, taillée au couteau, se situe également à Los Angeles, et l'un des personnages principaux du roman ressemble beaucoup, dans l'attitude, à Tom Welles, le détective privé joué par Nicolas Cage dans 8 mm. 

Michael Singer n'est certes pas détective privé, mais paparazzi. Malgré le côté impitoyable de son métier, ce jeune homme est doté d'une profonde empathie, et d'une certaine sensibilité, à l'instar de Tom Welles. L'un de ses indics lui apprend qu'une célèbre présentatrice a été droguée, kidnappée puis sauvagement violée, avant de se réveiller le lendemain matin dans un entrepôt désaffecté. Profondément marqué par cet acte terrible, alors qu'il ne connaît pourtant pas personnellement la jeune femme, Michael Singer va mener son enquête pour retrouver les violeurs. Egalement à Los Angeles, les inspecteurs Sean Madden et Carlos Gomez traquent un tueur qui prend un malin plaisir à émasculer ses victimes bien évidemment exclusivement masculines. Deux enquêtes en apparence distincte qui vont finir par se rejoindre, avec comme fil conducteur le monde de la pornographie. Comme dans 8 mm.

Après Jeu d'ombres, son premier roman déjà culte, Ivan Zinberg poursuit son exploration de la face obscure de la West Coast américaine avec ce nouveau thriller épique, spectaculaire, et violent. On y retrouve à nouveau tout ce qui fait la force de cet auteur: un style d'écriture simple, incisif, percutant, et d'une extraordinaire limpidité, au service d'un récit fluide, et fort bien documenté. Une parfaite connaissance des rouages de la police de Los Angeles, et du métier de flic, permet à l'auteur d'apporter de la crédibilité et de la substance à son histoire pleine de suspense et de rebondissements. 

Par contre, âmes sensibles s'abstenir, le niveau d'hémoglobine monte d'un cran par rapport à Jeu d'ombres, c'est sanglant. D'ailleurs, le dénouement est une véritable boucherie. Et quel coup de théâtre final, je n'ai rien vu venir. Enfin, Etoile morte est aussi l'occasion pour l'auteur de dresser un portrait effrayant et lucide de Los Angeles, une ville pleine de contradictions, où le luxe côtoie la pauvreté. La description par Ivan Zinberg de Skid Row, quartier malfamé de Los Angeles, est terrifiante. Au final, avec Etoile Morte, le policier Ivan Zinberg confirme tout son talent pour échafauder des intrigues diablement efficaces et camper des personnages forts. Frontal ! 

Ivan Zinberg, Etoile morte, Points, 522 pages, sorti en 2015.

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