mercredi 31 décembre 2014

Sous le signe du rasoir, de Jim Nisbet


Ecrit dans les années 90, ce roman très noir n'a rien perdu de son actualité. A travers le portrait de Mark Paulos, dit Pauley, Nisbet parle de cette Amérique qui travaille dur mais a du mal à boucler les fins de mois, qui vit dans des studios insalubres sous les toits mal isolés, et qui s'abrutit de programmes télévisés affligeants.. Nisbet critique à sa manière singulière une nation dont l'ascenseur social est tombé en panne, car si on commence mal dans la vie, et si on n'a pas trop de chance, comme c'est le cas de l'anti-héros de ce livre, et bien on a du mal à s'en sortir, à progresser. Vrai ? Faux ? En tout cas, c'est discutable. Sous le signe du rasoir est donc une histoire franchement noire, mais non dénuée d'un certain humour distancié. 


Je trouve quand même la fin d'une ironie hallucinante, voire perverse de la part de l'auteur, et on ne peut qu'éprouver une profonde empathie envers ce pauvre Pauley, dont la vie n'aura été qu'un triste scénario.

Comme d'habitude, l'écriture de Nisbet est dense, chaque phrase véhicule une quantité stupéfiante d'informations, permettant une description clinique des passages importants du récit - par exemple, lorsque le père de Pauley s'électrocute en voulant changer l'ampoule de la salle de bains. Les personnages sont fouillés, et la question de l'identité sexuelle, notamment chez le tueur dans ce roman, est encore une fois présente, une constante chez Nisbet. A lire rien que pour l'émotion que provoque le dénouement final !

Jim Nisbet, Sous le signe du rasoir, Rivages, 368 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Freddy Michalski, sorti en 1997 (Etats-Unis et France)

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