"Mais quand le paiement tarde, j'interviens pour récupérer le vélo. Wernersson me verse un acompte de l'ordre de dix à trente pour cent par objet. Je reprends le cigare, tire quelques bouffées. Je ne manque pas de travail. Les gens sont démunis et désespérés, c'est là que je montre ma sale gueule et frappe du poing."
Il y a du Jim Thompson, du David Goodis chez le suédois Martin Holmén, une noirceur épouvantable que ne vient éclairer aucune lueur d'espoir. Mais il faut dire que vivre, ou plutôt survivre dans le Stockolm de l'entre-deux-guerres n'est pas chose aisée. La Grande Dépression frappe de plein fouet la Suède, et sa capitale, gangrenée par le chômage, la misère, et la délinquance.
Un contexte terrifiant au sein duquel évolue Harry Kvist, l'anti-héros de cette histoire noire comme le cauchemar. Ancien boxeur célèbre dans son pays, ce trentenaire usé par la vie utilise désormais ses poings pour recouvrer des dettes ou récupérer des biens qui n'ont pas été rendus. Alors que Noël approche, et que le froid et la neige s'installent dans la capitale, l'un des débiteurs de Kvist est brutalement assassiné. Et qui représente aux yeux de la police le coupable idéal ? Kvist, bien sûr, qui n'a pas d'autres solutions que de prouver lui-même son innocence en retrouvant le témoin principal du meurtre. Une plongée à risque dans les bas-fonds et les hauts-fonds d'une ville froide, glauque, sous tension, violente.
Martin Holmén s'inscrit dans le souci d'une narration réaliste et dévoile les coulisses d'une ville mortifère, piégée dans le froid, la misère et l'intolérance. Et l'immersion est totale, on a vraiment l'impression que le narrateur de cette histoire a une caméra embarquée sur lui, permettant de visualiser le moindre détail. Et permettant ainsi la reconstitution précise de toute une époque : la topographie du Stockolm des années 30, le quotidien des gens, l'architecture extérieure des habitations mais aussi leurs décors intérieurs, la montée du nazisme, les inégalités sociales, le grand banditisme. Le style d'écriture est donc très descriptif, très détaillé, obligeant à une vigilance constante de la part des lecteurs. Mais quelle puissance d'évocation, quelle atmosphère, on s'y croirait !
Martin Holmén n'oublie pas les fans d'intrigues policières bien ficelées, il y a bien une enquête et un coupable à découvrir, mais pour moi Corps-à-corps est avant tout un roman noir historique, qui restitue avec précision cette époque trouble de l'entre-deux-guerres. Il flotte autour de cette histoire une aura sombre. Une noirceur, une violence, une férocité incarnées par son personnage principal, un homme ambivalent dans son attitude, qui a déjà vécu plusieurs vies, et subi de nombreux échecs. Un homme à l'image de son époque, qui tente de survivre tant bien que mal avec le peu d'humanité qui lui reste. Car il lui en reste de l'humanité, et une certaine combativité, bref une petite lueur d'espoir dans un océan de noirceur. Au final, le premier volet réussi d'une trilogie historique prometteuse.
Martin Holmén s'inscrit dans le souci d'une narration réaliste et dévoile les coulisses d'une ville mortifère, piégée dans le froid, la misère et l'intolérance. Et l'immersion est totale, on a vraiment l'impression que le narrateur de cette histoire a une caméra embarquée sur lui, permettant de visualiser le moindre détail. Et permettant ainsi la reconstitution précise de toute une époque : la topographie du Stockolm des années 30, le quotidien des gens, l'architecture extérieure des habitations mais aussi leurs décors intérieurs, la montée du nazisme, les inégalités sociales, le grand banditisme. Le style d'écriture est donc très descriptif, très détaillé, obligeant à une vigilance constante de la part des lecteurs. Mais quelle puissance d'évocation, quelle atmosphère, on s'y croirait !
Martin Holmén n'oublie pas les fans d'intrigues policières bien ficelées, il y a bien une enquête et un coupable à découvrir, mais pour moi Corps-à-corps est avant tout un roman noir historique, qui restitue avec précision cette époque trouble de l'entre-deux-guerres. Il flotte autour de cette histoire une aura sombre. Une noirceur, une violence, une férocité incarnées par son personnage principal, un homme ambivalent dans son attitude, qui a déjà vécu plusieurs vies, et subi de nombreux échecs. Un homme à l'image de son époque, qui tente de survivre tant bien que mal avec le peu d'humanité qui lui reste. Car il lui en reste de l'humanité, et une certaine combativité, bref une petite lueur d'espoir dans un océan de noirceur. Au final, le premier volet réussi d'une trilogie historique prometteuse.
Martin Holmén, Corps-à-corps, 10/18, 357 pages, traduit du suédois par Marina Heide, sorti en 2015 (Suède) 2016 (France)
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