mardi 16 juillet 2019

L'été circulaire, de Marion Brunet


L'été circulaire appartient à ces romans qui privilégient les atmosphères réalistes et la dureté des rapports humains et qui, ce faisant, se distinguent des purs romans criminels. Pas d'enquête dans ce roman, pas de coupable à démasquer, et les personnages principaux ne sont ni des policiers ni des détectives privés. 

L'été circulaire raconte l'histoire d'une famille ordinaire dans le Sud Est de la France. Il y a tout d'abord le père, Manuel, un maçon d'origine espagnole qui sombre de plus en plus dans un alcoolisme violent. Ensuite, il y a la mère, Séverine, une trentenaire qui n'a jamais quitté sa bourgade natale, et qui traîne une aigreur de plus en plus destructrice. Puis vient Céline, la fille aînée, seize ans, enceinte, et qui refuse de dévoiler l'identité du père. Et enfin, Jo, la cadette, quinze ans, seule rescapée du naufrage familial, qui rêve de théâtre et d'ailleurs. Mais ce n'est jamais facile de s'échapper du carcan familial. Et la pièce qui se joue ici n'est pas une comédie, mais bien une tragédie qui sent la poudre et l'atmosphère viciée d'une ville-dortoir du Midi.

Marion Brunet s'inscrit dans le souci d'une narration réaliste et dévoile les coulisses peu reluisantes d'une famille et d'une ville mortifères. Un roman très noir sur fond de racisme ordinaire et de mal être adolescent qui prend à la gorge tant il semble vrai et qui révèle une écrivaine de tout premier ordre. Avec son style à la fois cru et élégant, et précis tant sur la forme que sur le fond, Marion Brunet nous embarque dans une histoire poignante, et tristement crédible. Son style allie précision, violence, lyrisme et acuité de l'observation psychologique et sociale. Et on sent, on sait qu'un évènement grave va avoir lieu. La tension est palpable dans ce roman à fleur de peau. Le récit est très bien construit, tout a un sens dans ce livre, et il n'y a pas de gras, de superflu, de fioritures. Au final, un roman noir réussi qui aborde des thèmes sensibles, et qui a reçu le Grand prix de littérature policière 2018. 

Marion Brunet, L'été circulaire, Le Livre de Poche, 264 pages, sorti en 2018.

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