lundi 9 octobre 2017

Au fond de l'eau, de Paula Hawkins


J'ai bien aimé La fille du train, sans plus. Peut-être parce que je l'ai lu après avoir pris connaissance de son succès retentissant. Plus de vingt millions de lecteurs à travers le monde quand même. Je m'attendais à un véritable choc, à l'instar de ce que j'avais ressenti à la lecture du Poète de Connelly, Shutter island de Dennis Lehane, ou encore Le Dahlia noir de James Ellroy. Mais non, pas de choc. Un thriller psychologique bien fichu, bien écrit, mais au dénouement prévisible et finalement très classique. Bien, mais pas transcendant.

Au fond de l'eau, deuxième roman de l'auteure, a rencontré beaucoup moins de succès que La fille du train. Cela ne me surprend pas, l'intrigue étant beaucoup moins conventionnelle, et beaucoup plus noire. La fille du train renvoyait à des sujets universels, actuels, comme le voyeurisme, la dynamique du couple, la vie moderne. Beaucoup de gens peuvent facilement s'identifier à Rachel, qui prend le train deux fois par jour et imagine les vies des personnes aperçues aux fenêtres des habitations défilant sous ses yeux. Au fond de l'eau aborde des sujets beaucoup plus sombres et "dérangeants", comme le mal être adolescent, les violences conjugales, ou encore les relations amoureuses interdites. Des thèmes qui peuvent diviser, voire même choquer. Moins grand public en tout cas.

Je vous fais un bref résumé de l'intrigue: Une jeune femme revient dans son village natal après plusieurs années d'absence, car sa sœur, qui vivait encore dans la maison familiale, vient de se suicider. Saut de l'ange d'une falaise qui surplombe "le bassin aux noyées". Et oui, une mort de plus dans un village qui borde une rivière dégageant une aura presque maléfique. En effet, depuis plusieurs siècles, on ne compte plus le nombre de femmes qui sont mortes noyées dans les eaux troubles de cette rivière. Suicidées ou bien assassinées! D'où le surnom morbide de bassin aux noyées. Au fond de l'eau est donc un thriller d'une noirceur absolue qui sent la poudre et l'atmosphère viciée d'un petit village du nord de l'Angleterre. Avec ses secrets inavouables. 

Bon, je vous donne un conseil: vous aimerez ce livre, si vous partez du principe, dès le départ, que l'histoire n'est pas réaliste pour deux sous. C'est tiré par les cheveux, c'est purement romanesque. Partant de ce postulat, vous prendrez du plaisir à lire ce thriller malgré tout bien fichu, bien ficelé, à l'intrigue complexe, avec un ultime rebondissement sympa. Sur la forme, l'histoire est racontée par une multitude de narrateurs, qui se succèdent au cours du récit. Côté positif: cela donne de l'intérêt à l'intrigue, de la consistance au scénario, puisque l'auteure peut brouiller les pistes et entretenir ainsi le mystère, en installant des contradictions dans les récits de chaque personnage. Côté négatif: On s'y perd un peu avec tous ces narrateurs qui changent parfois d'un chapitre sur l'autre, on a parfois du mal à retrouver ses petits. Il vaut mieux lire ce roman d'une traite. Au final, l'impression d'ensemble est positive, mais je reste encore une fois sur ma faim. C'est bien écrit, mais ça manque de crédibilité. J'ai essayé de faire abstraction de ce manque, mais ça m'a quand même gêné. Il y a beaucoup de thèmes intéressants dans ce livre, beaucoup de bonnes idées, mais pas assez exploitées à mon goût. 

Paula Hawkins, Au fond de l'eau, Sonatine, 400 pages, traduit de l'anglais par Corinne Daniellot et Pierre Szczeciner, sorti en 2017 (Angleterre et France)

Du même auteur sur ce blog:
La fille du train

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