jeudi 30 avril 2015

Billy Straight, de Jonathan Kellerman


Le 3 octobre 1995, un certain O.J. Simpson, soupçonné d'avoir assassiné son ex-femme et son compagnon, est acquitté, à l'issue d'un procès controversé qui aura défrayé la chronique, et surtout fortement divisé l'Amérique. Le très prolifique Jonathan Kellerman s'est, à mon avis, inspiré de cette affaire pour nous donner le meilleur de ses romans: Billy Straight, mélange totalement réussi de roman noir et de suspense psychologique. Billy Straight a 12 ans, et il survit dans la rue, ayant quitté le domicile familial pour échapper aux violences quotidiennes que lui inflige le petit ami obèse et alcoolique de sa mère camée. 

Un soir, il assiste dans un parc public au meurtre barbare d'une jeune femme, il ne voit pas l'assassin, mais arrive à lire la plaque d'immatriculation de sa voiture. Billy, à qui personne n'a jamais tendu la main, choisit la fuite plutôt que de se rendre à la police pour raconter ce qu'il a vu. Le problème, c'est que la jeune femme assassinée n'était pas n'importe qui: c'était l'ex-femme d'une grosse vedette de la télévision. Et bien sûr ladite vedette devient le suspect numéro un de l'attachante inspectrice Petra Connor, qui n'est pas au bout de ses surprises dans cette affaire sordide.

Un récit à plusieurs voix qui oscille habilement entre description très noire des nombreux bas-fonds de Los Angeles, et enquête policière passionnante. L'auteur nous ballade d'un personnage à l'autre, ce qui permet d'avoir différentes perceptions de la réalité. Et cela nourrit le suspense qui est omniprésent dans les cent dernière pages du roman. Le final est haletant, avec un coup de théâtre digne de chefs d'oeuvre tels que Le poète de Michael Connelly, ou Shutter Island de Dennis Lehane. Sens du détail, dialogues enlevés, indices savamment distillés, Jonathan Kellerman nous offre un roman captivant, mais aussi franchement noir par certains côtés.

Jonathan Kellerman, Billy Straight, Points, 608 pages, Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin, sorti en 1998 (Etats-Unis) 2001 (France)