mercredi 28 mars 2018

Sorry, de Zoran Drvenkar


Imaginons que vous soyez un chef d'entreprise qui vient de licencier un collaborateur pour un motif inavouable, et surtout totalement injuste. Vous êtes pris de remords, vous culpabilisez, et vous êtes même prêt à vous excuser. Seulement vous ne le ferez pas, par peur, par fierté, ou pour des raisons qui vous sont propres. Vous ne vous excuserez pas directement, non, vous engagerez plutôt quelqu'un qui ira s'excuser à votre place, vous permettant ainsi de libérer votre conscience. C'est la mission de Sorry, une agence berlinoise créée et gérée par une bande de copains qui se connaissent depuis le lycée: Kris, le fondateur, son petit frère Wolf, et Frauke et Tamara, leurs deux meilleures amies. Et le moins que l'on puisse dire c'est que Sorry ne manque pas de travail. L'agence peut même s'offrir le luxe de ne travailler que pour des professionnels. Car il y a trop de demandes à traiter.  

Et oui, nous avons tous un jour ou l'autre envie de nous excuser. Un concept duplicable à l'infini... Même un tueur en série peut avoir envie de s'excuser auprès de sa victime, même si c'est une conception de l'excuse assez tordue, je vous l'accorde. En créant Sorry, Kris, Wolf, Frauke, Tamara vont ouvrir la boîte de Pandore. Tous embarqués dans un engrenage diabolique et sans retour !

Sorry est un page turner haletant, atroce, implacable, un suspense psychologique de tout premier ordre, une mécanique de précision parfaitement huilée qui écrase tout sur son passage. Une fois que vous avez commencé ce livre, vous ne pouvez plus vous arrêter avant le dénouement final. Sur la forme, tout est efficacement et subtilement contrôlé de la part de cet auteur confirmé qu'est Zoran Drvenkar. Qui tisse une toile machiavélique dans laquelle ses pauvres personnages s'empêtrent. 

Le style d'écriture est limpide, simple, percutant, au service d'un récit remarquablement construit, qui entremêle habilement le présent et le passé. Une intrigue qui dévoile petit à petit ses secrets, et une réalité impitoyable. L'auteur ne fait pas dans la dentelle, il y a des morts violentes, et des scènes chocs, mais sans tomber dans le sanguignolent. Sorry est plus un roman à suspense qu'un thriller sanglant. Une histoire tordue, sombre, noire, et un récit à plusieurs voix qui permet à l'auteur de brouiller les pistes, de maintenir le suspense, et de ne pas lésiner sur les rebondissements. Bref, Sorry est un classique incontournable de la littérature policière allemande, du cousu main pour amateurs de romans à suspense qu'on ne lâche pas. Classique mais d'une redoutable efficacité, le fast and furious book par excellence !

Zoran Drvenkar, Sorry, Le Livre de Poche, 500 pages, traduit de l'allemand par Corinna Gepner, sorti en 2009 (Allemagne) 2011 (France)

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