lundi 14 mai 2018

Une forêt obscure, de Fabio M. Mitchelli


Actuellement, la plupart des polars que je lis, je les emprunte à la bibliothèque municipale. J'ai la chance de dépendre d'une bibliothèque très bien fournie en polars, et régulièrement alimentée en nouveautés. Et des nouveautés, il y en a énormément, c'est fou, complètement fou. Je m'en rends compte à chaque fois (c'est de plus en plus rare) que j'ouvre les portes d'une librairie. Tant de livres, tant d'auteurs venus des quatre coins du monde. Difficile pour un nouvel écrivain de se faire sa place dans la jungle du polar, de se démarquer de la masse. Le français Fabio M. Mitchelli fait partie des heureux élus, aucun doute là-dessus. Comment vous dire ? Il y a certains polars que vous commencez à lire, et il se passe un truc en plus... où "ça le fait", tout de suite, vous sentez que vous êtes en train de lire un livre pas comme les autres. 

Un polar charpenté qui va vous procurer des émotions, qui va vous captiver jusqu'à la fin. Par contre, je vous avertis, avec Une forêt obscure, le voyage sera mouvementé, et terrifiant. L'auteur nous entraîne dans un vortex de terreur dont on a du mal à se relever !

Après son cultissime La compassion du diable, un serial killer thriller spectaculaire et surtout terrifiant, Mitchelli persiste et signe avec Une forêt obscure. On retrouve dans ce thriller sanglant tout ce qui fait la force de cet auteur à part: un style spectaculaire, moderne, percutant au service d'un récit fluide, parfaitement huilé; Des scènes chocs, et des dialogues enlevés; Une intrigue complexe, taillée au couteau, qui mélange avec brio des faits réels avec de la pure fiction, la Mitchelli touch, véritable marque de fabrique de l'auteur. Tout comme dans La compassion du diable, l'auteur nous fait entrer dans la tête de tueurs en série démoniaques. Mais Une forêt obscure est finalement plus un suspense psychologique qu'un serial killer thriller au sens strict du terme. Les tueurs font certes partie intégrante de l'histoire, mais ils sont surtout les pièces d'un vaste puzzle machiavélique et tordu à souhait. Vous qui entrez dans Une forêt obscure, laissez toute espérance, l'auteur nous a concocté une intrigue noire comme le cauchemar, mettant en scènes des personnages hors normes. Notamment Louise Beaulieu, la flic canadienne, avec ses expressions typiques du Québec, vaut le détour. 

L'essentiel de l'action se déroule à Juneau, en Alaska, et l'histoire commence tambour battant dès les premières pages : une joggeuse qui se fait écraser par un chauffard, deux jeunes filles qui sont découvertes en état de choc, aux abords de la forêt de Tongass. Mitchelli ne fait pas dans la dentelle, et met le paquet au niveau de l'intrigue, vertigineuse et glaçante à l'image de son saisissant décor, l'Alaska. L'auteur dévoile les coulisses peu reluisantes d'une ville mortifère aux secrets inavouables. Au final, Une forêt obscure, chant funèbre sur un monde de démence et de sang, confirme tout le talent de Fabio M. Mitchelli, qui renouvelle de façon spectaculaire le suspense psychologique associé au true crime. Une sorte de symbiose entre Un tueur sur la route et LA Confidential de James Ellroy. Je trouve d'ailleurs qu'il y a du James Ellroy chez Fabio M. Mitchelli, cette même atmosphère noire, brutale, sans concession, ce style d'écriture spectaculaire, ces personnages, souvent des écorchés vif que la vie n'a pas épargnés. 

Fabio M. Mitchelli, Une forêt obscure, Points, 408 pages, sorti en 2016.

Du même auteur sur ce blog:
La compassion du diable

Je vous conseille aussi:
Tu tueras le Père, Sandrone Dazieri
La conjuration primitive, Maxime Chattam
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Le manuel du serial killer, Frédéric Mars
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Reflex, Maud Mayeras 

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