vendredi 24 janvier 2020

Matière noire, d'Ivan Zinberg


Après trois premiers romans entièrement consacrés à dévoiler la face obscure de la Californie, Ivan Zinberg revient en France avec Matière noire. Dont l'essentiel de l'action se déroule à Saint-Etienne, ville de tous les contrastes. Qui reflète complètement le processus d'archipellisation de la société française. Une véritable poudrière sociale que tente de juguler chaque jour le chef de la BAC Karim Bekkouche. Un flic expérimenté et charismatique qui va tout mettre en oeuvre pour retrouver Inès Ouari, la fille de son amie Anissa. Inès qui n'a plus donné signe de vie, après avoir passé la soirée dans une discothèque de la région. Pendant ce temps, Jacques Canovas, un ancien flic des RG devenu journaliste, couvre le meurtre sauvage d'une joggeuse, retrouvée au bord du lac du Bourget. Deux enquêtes qui vont finir par fusionner, pour le pire.


Le capitaine de police Ivan Zinberg reproduit avec succès le même schéma utilisé dans Etoile morte: le journaliste et le flic menant en parallèle deux enquêtes qui finissent par se rejoindre. Se transformant en une traque haletante. En une histoire palpitante, riche en suspense et en rebondissements. La Zinberg Touch !

Encore une fois, Ivan Zinberg démontre, avec Matière noire, un talent immense pour échafauder des scénarios diablement efficaces et camper des personnages forts et plus vrais que nature. L'auteur s'inscrit toujours dans le souci d'une narration réaliste. Il faut dire qu'un capitaine de police peut s'inspirer de son quotidien pour nourrir, enrichir ses intrigues. Et surtout leur donner une forte crédibilité émotionnelle et technique. Et si en plus le flic en question sait raconter une histoire criminelle, c'est encore mieux.

Car Ivan Zinberg sait captiver ses lecteurs, avec son style sec, incisif, percutant, au service d'un récit fluide, mené avec une dextérité hors du commun. L'auteur n'y va pas par quatre chemins pour dévoiler les coulisses peu reluisantes de Sainté. Aucun temps mort, pas de gras, pas de longueurs dans ce récit criminel qui tient la route, porté par deux personnages très intéressants, à la psychologie fouillée. 

Au final, Matière noire confirme la montée en puissance d'Ivan Zinberg. Un auteur que j'apprécie de plus en plus. En même temps, comment ne pas apprécier un écrivain qui cite le grand Craig Holden dans son roman. Un gage de qualité, aucun doute là-dessus. Matière noire est donc  un polar décapant que je recommande les yeux fermés aux fans d'Olivier Norek, Bernard Minier, et Benoît Séverac. Information pratique: il y a un glossaire des termes policiers à la fin. Cela peut s'avérer utile pour la compréhension de certains sigles ou mots issus de l'argot policier: détroncher,  grenouiller, doulos... 

Ivan Zinberg, Matière noire, Label Cosmopolis, 465 pages, sorti en 2019

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