samedi 27 août 2016

La compassion du diable, de Fabio M. Mitchelli


Avertissement ! Chers lecteurs, vous qui entrez dans La compassion du diable, laissez toute espérance, et si vous n'avez pas l'estomac bien accroché, passez votre chemin, l'expérience sera trop éprouvante pour vous. Par contre, si vous aimez les serial killer thrillers bien sanglants, le "livre bleu" est fait pour vous. Fabio M. Mitchelli a peut-être créé, avec le cannibale de Cleveland, le tueur en série le plus effrayant de l'histoire. Au niveau du Thomas Bishop de Shane Stevens, ou du Hannibal Lecter de Thomas Harris. Mitchelli s'est inspiré du parcours sanglant de Jeffrey Dahmer, le tristement célèbre cannibale de Milwaukee, pour écrire cette histoire terrifiante, véritable chant funèbre sur un monde de démence et de sang. Un furieux page turner, un livre démoniaque difficile à oublier.

La compassion du diable est donc un fulgurant thriller pas comme les autres, qui se distingue très nettement des productions habituelles. Comment? Premièrement, par le style d'écriture de l'auteur. Un style simple, alerte, percutant, et surtout spectaculaire. J'avais parfois l'impression de lire du James Ellroy. Le récit est fluide, sans temps mort, et certaines scènes atteignent vraiment des sommets d'intensité dramatique. On est littéralement happés par cette histoire atroce, prenante, implacable. Les scènes de meurtres sont notamment très détaillées, âmes sensibles s'abstenir, l'auteur ne nous épargne rien, la plongée dans l'horreur est abyssale et sans retour !

Ensuite, par la qualité de l'intrigue. En effet, l'auteur mélange avec virtuosité fiction et réalité. Son serial killer ressemble à Jeffrey Dahmer, dans le choix des victimes et dans la manière de les tuer. Cela donne de la crédibilité à son histoire, mais l'auteur n'oublie pas non plus son public friand de suspense et de rebondissements. Mitchelli tisse une toile machiavélique, et signe une histoire stupéfiante mettant en scène des personnages hors normes, dont les destins tragiques s'enchevêtrent. 

Au final, La compassion du diable est un thriller impitoyable, frontal, voire même dérangeant par certains aspects. Un serial killer thriller à la tension presque insupportable, qui vous fera passer, tout au long de la lecture, par tous les stades émotifs possibles. C'est ça qui est bon !

Fabio M. Mitchelli, La compassion du diable, Milady, 384 pages, sorti en 2014.

Du même auteur sur ce blog:
Une forêt obscure

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La vie secrète d'Algernon Pendleton, de Russel Greenan


Algernon Pendleton a été victime d'une commotion cérébrale pendant la seconde guerre mondiale. Depuis, ce quinquagénaire mène une vie d'ermite dans la grande maison familiale, avec pour seule compagnie Eulalie. Alors, je vous le dis, Eulalie n'est pas sa femme,  non, non, mais une cruche de porcelaine, avec laquelle il entretient de véritables conversations philosophiques ! 

En apparence, Algernon est donc un doux dingue. En apparence seulement, car Algernon Pendleton est plus dingue que doux, et les personnages qui ont le malheur de croiser sa route s'en rendent compte mais toujours trop tard. Je n'en dis pas plus. Et pour être honnête, il est difficile de résumer cette histoire échevelée, pleine de coups tordus et de rebondissements alambiqués.

Russel Greenan, ou une certaine vision de la réalité, une vision baroque, philosophique, cosmique, et surtout franchement déjantée, mais pas au sens comique du terme. On ne rigole pas quand on lit un roman de Russel Greenan, on hallucine! Russel Greenan est un auteur atypique qui raconte des histoires atypiques. L'auteur qui s'en rapproche le plus est Marc Behm, voire Charles Bukowski. L'univers de Russel Greenan est vraiment à part, et on sent que l'homme a beaucoup voyagé, et côtoyé différentes cultures et civilisations. Dans cette histoire palpitante, il y a notamment des passages très intéressants sur l'Egypte. 

Avec Russel Greenan, on ne sait jamais vraiment où on va, et c'est ça que j'aime chez cet auteur. Ses histoire prennent souvent un tournant inattendu. Par contre, le style d'écriture est assez clinique, détaillé, parfois trop. Certaines phrases peuvent véhiculer une quantité stupéfiante d'informations, ce qui peut avoir comme effet de noyer un peu le lecteur. Mais dans l'ensemble, ça se lit bien, et encore une fois, c'est atypique, dans le bon sens du terme. Un auteur à découvrir, en commençant soit par La vie secrète d'Algernon Pendleton, soit par son chef d'oeuvre C'est arrivé à Boston ? .

Russel Greenan, La vie secrète d'Algernon Pendleton, Rivages, 224 pages,  traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Nathalie Godard, sorti en 1973 (Etats-Unis) 1988 (France)

Du même auteur sur ce blog:
L'horreur au cœur de la nuit 

Je vous conseille aussi:
A côté de la plaque, Marc Behm 

jeudi 11 août 2016

Sans faille, de Valentin Musso


Sans faille hisse définitivement Valentin Musso au rang des grands auteurs actuels de ce que j'appelle les fast and furious books: de furieux page turners impossible à lâcher avant la fin. Des thrillers commerciaux, vite lus et vite oubliés. Rien de péjoratif là dedans, tout le monde n'est pas capable de produire ce type d'oeuvre, du cousu main pour les amateurs de récits à suspense. Valentin Musso rejoint donc Michel Bussi, Harlan Coben, ou encore Linwood Barclay au panthéon des auteurs de romans capables de captiver les foules avec des mots. 

Vous adorerez cette histoire de randonnée entre amis, qui dégénère complètement, avec en toile de fond les paysages grandioses des Pyrénées. Valentin Musso tisse une toile machiavélique, pleine de suspense et de rebondissements. Une mécanique de précision parfaitement huilée, sans faille. Un thriller psychologique palpitant. Et bien sûr, comme dans tout bon fast and furious book qui se respecte, on a droit à un ultime rebondissement dans les toutes dernières pages du livre.

Sur la forme, à l'instar de son frère Guillaume, l'auteur le plus lu en France, Valentin Musso sait raconter une histoire et captiver son lecteur. Le style d'écriture est alerte, précis, limpide. L'auteur retranscrit parfaitement la beauté sauvage des hautes montagnes pyrénéennes. Au final, Sans faille est une terrifiante histoire de vengeance qui ne vous laissera aucun répit. Glaçant !

Valentin Musso, Sans faille, Points, 384 pages, sorti en 2014.

Du même auteur sur ce blog:
Dernier été pour Lisa ; Un autre jour ; Qu'à jamais j'oublie

Je vous conseille aussi:
Ubac, Elisa Vix
Fidèle au poste, Amélie Antoine

vendredi 5 août 2016

Le journal du Parrain, de Mickey Spillane et Max Allan Collins


Vous connaissez peut-être mieux la série télévisée diffusée dans les années 80, avec Stacy Keach dans le rôle du célèbre détective privé. Mais à la base, Mike Hammer est un personnage de livre, sorti tout droit de l'imagination de Feu Mickey Spillane. Sa première enquête remonte quand même à 1947. Il faut savoir que le personnage d'origine est loin d'être ... politiquement correct, comme on dit de nos jours. Détective privé new-yorkais, Mike Hammer est un homme violent, raciste, homophobe, anti-communiste, mysogyne et machiste. Rien que ça ! Mike Hammer c'est donc la caricature du WASP américain, qui applique la loi du talion, avec comme devise: la fin justifie tous les moyens. Et la fin, c'est de résoudre ses enquêtes, gagner un max de pognon, et tirer tout ce qui bouge !

Un personnage controversé, mais vendeur. Dans l'interview que donne Max Allan Collins à la fin du livre, on apprend que Mickey Spillane est l'auteur qui a vendu le plus de polars dans les années 50 - 60, derrière la mythique Agatha Christie. Mais Mike Hammer va évoluer avec le temps, et s'assagir. Le Mike Hammer que vous allez découvrir dans ce court récit est plus mesuré, tant dans ses propos que dans ses actes. Max Allan Collins a donc repris un début de manuscrit inachevé de Mickey Spillane, et imaginé une histoire sympathique autour de la recherche d'un livre: le journal d'un parrain de la mafia qui vient de mourir. Ce journal renfermerait des secrets qui pourraient faire tomber beaucoup de gens, et pas seulement du côté des méchants !

Le manuscrit inachevé, qui a inspiré Max Allan Collins, daterait des années 80. L'auteur est resté fidèle à son "mentor" en situant donc l'action du roman dans le New York des années 80: une ville violente gangrénée par la misère. Clairement, ce polar ne marquera pas l'histoire du genre, mais c'est bien écrit, dans un style limpide, simple, et l'histoire est prenante: un "Who has it" plutôt qu'un "whodunit". Qui détient le journal intime du parrain? vous le saurez dans les dernières pages, avec un ultime rebondissement sympa. Bref, un polar d'atmosphère sans prétention qui se déguste tranquillement au bord de la piscine.

Mickey Spillane et Max Allan Collins, Le journal du Parrain,  Ombres Noires, 128 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Claire-Marie Clévy, sorti en 2015 en France

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La cavale de l'étranger, David Bell
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Colorado Kid, Stephen King